Que dit le Loup quand il hurle ?

Qu'y a-t-il au sommet de la montagne ?
Le ciel
Que dit le loup quand il hurle ?
Joie, force et solitude
A qui s'adresse-t-il ?
A la lune
Où va la rivière ?
Remplir la mer
A qui la nuit fait peur ?
A ceux qui attendent le jour pour voir
Combien de canidés as-tu déjà tué ?
Je l'ignore
Es tu vent ou nuage ?
Je suis Moi
Es-tu vent ou nuage ?
Vent
Méritaient-ils la mort ?
Nous la méritons tous
Es-tu ombre ou lumière ?
Je suis Moi
Es-tu ombre ou lumière ?
Les deux
Où se trouve la voie ?
En moi
Que devient une larme qui se brise ?
Une poussière d'étoile
Que fait-tu devant une rivière que tu ne peux pas traverser ?
Je la traverse
Que devient une étoile qui meurt ?
Un rêve qui vit
Offre moi un mot...
Silence
Un autre.
Harmonie
Un dernier.
Fluidité
L'ours et l'homme se disputent un territoire. Qui a raison ?
Le chat qui les observe
Maries les trois mots.
Loup.

Le Chant du Loup retentit. Le hurlement brisa le silence nocturne. Bestial et mélodieux.
Debout sur un rocher qui surplombait le paysage, la silhouette immaculée chantait son chagrin à la l'Astre Céleste. Celui-ci, de son halo, entourait l'animal. Sa fourrure semblait scintiller. Milliards de cristaux telle la poudreuse hivernale. La Montagne. Un lieu que les bipèdes n'avaient pas encore souillé. Un lieu qui ne le serait jamais. Un lieu que Ayana vénérait. La force qui émanait de Dame Nature était la plus respectueuse de toutes les forces qui dominaient le monde.
La louve ferma les yeux tandis que son chant perdurait. Une rafale s'engouffra dans son épais pelage. Sa fourrure se gonfla, la doublant de volume. Le vent caressa son museau, s'engouffra dans ses oreilles et chatouilla ses narines. Le sifflement de cette rafale accompagna les notes de la louve. Et tous deux se turent ensemble. Harmonie.

Ayana releva ses paupières. Son regard ambré fixait la lune. Et la lune semblait la fixer. Conversation muette. Conversation que jamais certains chiens ne pourront connaître. Seuls ceux qui savent écouter peuvent l'entendre. Parler avec le vent et caresser la neige. En terme plus simple : Liberté. Une liberté enlevée à bon nombres de chiens. Jamais ils ne sentiront le vent s'engouffrer dans leur cou. Jamais ils ne pourront goûter à la chair des cervidés.

Immobile, la louve méditait. Elle méditait sur la chance qu'elle avait. La chance qu'elle avait de pouvoir comprendre les éléments qui l'entouraient. Elle connaissait l'Ordre de la Forêt.
Force et Fluidité. Liberté et Harmonie.

La nuit était tombée alors que je parviens à la forêt. Tout ce qui m'entoure ne peut me faire plus de plaisir. Je sentais le vent jouer dans mon épaisse fourrure, j'entendais les feuilles jouer leur mélodie face à sa force. Ici, c'était pour moi le paradis.
Marchant d'un pas calme, lent et silencieux, je m'arrête tout à coup alors qu'un hurlement me parvient. J'écoute les paroles de ce chant de la nuit, fermant les yeux pour m'en imbiber complètement. Le chant terminé, je rouvre les yeux et laisse ceux-ci se fixer sur la lune. La lune était pleine, brillant de tous ses feux, éclairant mon chemin dans cette forêt sombre. Cependant, je ne craignais rien. J'ignorais à qui appartenait ce chant étrange, mais cela n'avait pas vraiment d'importance. J'aurais volontiers tenté de m'approcher de l'émettrice de cette mélodie, mais je savais déjà que je serais rejeté...Sûr ? Non ça ne l'était pas...ça ne l'était jamais.

Les yeux rivés sur la lune, je me met alors à répondre au chant qui s'est éteint depuis quelques instants maintenant. Ma voix grave se répercute à travers les troncs des arbres et s'envole vers les cieux où j'en suis sûr, quelqu'un l'entend et la comprend.
Terminant de hurler, je baisse alors les yeux, passant ma langue sur mes crocs. Je remarque alors une paroi rocheuse face à moi et reste un moment immobile face à elle. C'était une chance de tomber sur cela, je trouverais sans doute une anfractuosité dans la roche pour m'abriter. Lentement, je m'approche donc de ce monticule rocheux.

Yeux clos, museau tourné vers le ciel, heureuse, Ayana écoutait le silence. Jusqu'à ce que ce silence soit brisé. Brisé ? Non, ce n'était pas le mot. Car le hurlement qui s'élevait était une mélodie. Le Chant du Loup. Aucun chien n'était capable d'en faire un aussi beau. Seul un loup en connaissait les notes. La louve immaculée se tut, et écouta. Elle se laissa bercer, jusqu'à la fin. Alors seulement elle se décida à en chercher l'origine.
Yeux plissés, oreilles s'agitant tel un radar, la louve scrutait l'horizon. Elle ne le vit pas de suite. Mais rapidement, les effluves de l'animal remontèrent jusqu'à ses narines.

Un loup... ? Un chien... ? C'était étrange. Y avaient-ils deux animaux ? Non, non pourtant. Il n'y en avait qu'un seul. Quelle race était-il ? La louve fronça les sourcils, se concentrant. L'animal sembla s'approcher, et alors l'odeur se fit plus forte, plus précise aussi.
Oui, elle avait raison. Il n'y avait pas un chien et un loup, il y avait un chien-loup. Un métis, un bâtard. Mais, Ayana n'avait rien contre les bâtards. Elle-même avait du sang de chien qui coulait dans ses veines. Pas assez pour être considérée comme un chien-loup, mais le fait était quand même là.
Mais, ce chien-loup... Quelles origines avait-il choisi ? Celles du loup, ou celles du chien ?
C'était étrange, mais pour Ayana, il n'y avait pas de juste milieu, juste des extrêmes. On était Loup, ou on ne l'était pas. Ce chien-loup connaissait le Chant, mais cela était inscrit dans les gènes, ça ne prouvait rien.

La louve blanche se mit à réfléchir rapidement. Aller à sa rencontre, ou ne pas y aller ? Elle n'avait pas vu de ses Frères de Sang depuis si longtemps... Mais, si il n'était qu'un cabot ? Elle avait eu son compte de chien dans la journée. La tentation finit par l'emporter.
La louve laissa ses pattes et sa truffe l'emporter vers le canidé. En quelques minutes, elle le trouva. Il était tout près d'un monticule, semblant se diriger tout droit vers celui-ci.
En spectre silencieux, la louve s'assit à quelques mètres du chien-loup, l'observant de ses yeux opalins, reflet de l'Astre Céleste.

Cet animal était plutôt grand, les muscles saillants, le poil épais et grisâtre, difficile à savoir dans l'obscurité de la nuit. Son physique était plus celui du loup que celui du chien. Mais, son odeur dégageait beaucoup d'effluves de cabot. Personne ne pourrait s'y tromper : il avait du sang canin.
Afin de faire remarquer sa présence, la Femelle laissa échapper un jappement lupin.

Le monticule n'était pas loin et doucement, je me dirigeais vers lui. Cependant, je ne pouvais m'empêcher de penser au chant que j'avais entendu. Je ne savais toujours pas qui en était l'émettrice, mais le vent ne jouait pas en ma faveur pour que je sache cela. En revanche, qui qu'il soit, il avait déjà dû me sentir moi et je me demandais donc si j'allais bientôt rencontrer l'animal, un loup bien sûr, dont je ne connaissais qu'une partie de la voix. Je m'arrête soudain cependant, me demandant si je ne devrais pas chercher l'origine du chant entendu. C'était peut être une bonne solution, cependant, le risque était quand même d'importance. Pour peu que je tombe sur une meute, bien que je n'ai entendu qu'un spécimen, je n'étais pas très bien placé pour m'en sortir indemne.

Un bruissement de feuille se fait entendre et je bouge légèrement mes oreilles. Le vent à tourné, mais cela n'a pas d'importance. Cependant, je ne le pense plus presque immédiatement lorsque je sens l'odeur d'un loup très près de moi...D'un loup complètement cependant ? Et bien à vrai dire, il me semblait que oui, mais une odeur me gênait.
Entendant soudain un bref jappement, je me retourne d'un bon et regarde de tous mes yeux vers le bois d'où provient le bruit. Je vois très vite se dessiner les traits d'une louve blanche. Cependant, je ne prends pas peur. Déjà, je ne craignais pas grand chose personnellement. Il y avait des choses qui me faisaient peur bien sûr, mais...enfin bref passons.

Mes yeux viennent se plonger dans ceux de la louve et je reste un moment silencieux, cherchant à savoir si ses intentions envers moi étaient plutôt pacifiques ou non. Personnellement, je n'exprimais rien de particulier alors que je la regardais, mais je plisse alors un peu le museau pour lui demander ce qu'elle fait là d'un regard. Lorsqu'on est des loups, on a pas réellement besoin de parler, un regard suffit à se faire comprendre de ses congénères.

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» Quand on arrive en ville ... [ Faith ]